12 Février 2019

Installations d’assemblage et de lancement

Vega décolle depuis le Centre Spatial Guyanais (CSG), installation du CNES située à proximité de Kourou. Les différents étages et éléments du lanceur sont gérés indépendamment une fois sur place, mais ils arrivent en général par bateau grâce aux MN Toucan et MN Colibri depuis l’Europe (ports de Livourne et Rotterdam) au sein desquels ils sont embarqués en containers. Les étages supérieurs et adapteurs peuvent également faire le transport par avion-cargo et atterrir à l’aéroport Félix Eboué à 75 km du spatioport CSG, avant de le rejoindre par camion en convoi exceptionnel. Voici les installations d’assemblage et de lancement de Vega.

Préparation des étages propulsifs

  • UPG (Usine de Propergol de Guyane, visite virtuelle) : le premier étage P-80 a pour particularité d’arriver à Kourou depuis Colleferro sans son propergol  solide (configuration appelée « Corps de Propulseur Nu »). Il est transféré à l’UPG où il reçoit ensuite 88 tonnes de mélange HTPB. Ce chargement est assuré par Regulus SA, co-entreprise entre Avio et Arianegroup (60% Avio – 40% ArianeGroup).
    L’UPG est répartie sur 300 hectares et 40 bâtiments au sein desquels sont répartis la fabrication et le chargement en propergol solide pour les Étages d’Accélération à Propulsion solide d’Ariane 5 et pour le P-80 de Vega.
    Le P-80 est ensuite transféré au BIP (Bâtiment d’Intégration des Propulseurs). Les étages Z-23 et Z-9 font le trajet Europe-Guyane avec leur propergol déjà chargé, mais sans leurs systèmes d’allumage pyrotechniques.
  • BIP (Bâtiment d’Intégration des Propulseurs, visite virtuelle) : au sein du BIP, le P-80 est intégré avec sa tuyère, son dispositif d’allumage pyrotechnique et la structure de liaison qui la maintiendra debout sur le pas de tir. Les étages Z-23 et Z-9 sont eux aussi préparés pour leur assemblage final avec l’ajout de leurs systèmes d’allumage. Ces opérations sont effectuées par Europropulsion, autre co-entreprise entre Avio et ArianeGroup (50%-50%).
  • EPCU (Ensemble de Préparation des Charges Utiles) : après son arrivée, le composite supérieur AVUM est préparé en deux phases au sein de l’EPCU (S5A/S5B – voir paragraphe suivant) puis sur l’ensemble de lancement SLV au sein du portique mobile.

Le premier étage P-80 est transféré du bâtiment d'intégration des propulseurs (BIP) vers l'ensemble de lancement Vega.
Crédits : ESA-CNES-Arianespace/Optique vidéo du CSG/P.Baudon

Préparation de la charge utile

L’EPCU (Ensemble de Préparation des Charges Utiles, visite virtuelle) appelé S5 est en charge de la préparation des satellites et leur chargement en carburant, avant leur intégration sous la coiffe de Vega. Trois zones, S5A, S5B et S5C, fournissent de larges espaces en « salle blanche » (atmosphère contrôlée, restriction d’accès) et constituent le bâtiment principal, reliées entre elles par des corridors de transfert :
  • S5A et S5B servent aux opérations d’intégration et de remplissage des satellites ainsi que de l’étage supérieur AVUM, offrant 300 et 400m².
  • S5C peut accueillir la préparation de 4 satellites en parallèle grâce à ses 700 m² de surface.
La mise sous coiffe a lieu dans l’une des zones HPF (Hazardous Processing Facility) des bâtiments S5A/S5B/S5C, avant un transfert vers l’ensemble de lancement.

Intégration du satellite Aeolus dans le bâtiment S5B pour Vega VV-12. Crédits : CNES/ESA/Arianespace/Optique Vidéo CSG/S Martin, 2018

Campagne de lancement

  • Ensemble de Lancement Vega (ELV, visite virtuelle) : d’abord construit pour accueillir le lanceur Europa 2, le site est modifié au début des années 1970 pour accueillir Ariane 1, puis Ariane 2 et Ariane 3 et portera durant plus de 20 ans le nom ELA-1 (pour Ensemble de Lancement Ariane N°1). Il cesse son activité en 1989, avant que le chantier de rénovation pour transformer la zone au profit de Vega ne démarre en 2004. Situé à 1,5 km du pas de tir Ariane 5 (ELA-3), l’ensemble de lancement comprend le pas de tir ainsi que le portique mobile qui sert à l’assemblage final du lanceur à la verticale. Haut de 45m et pesant 900 tonnes à vide, le portique est posé sur rails. Il est équipé de plus d’une dizaine d’étages ajustables et d’ouvertures sur l’avant, et il est reculé à un peu plus de 4h du lancement de 80m pour libérer la zone.
  • La première étape de la campagne de lancement consiste à transférer le composite P-80 au sein du portique de l’ELV. Après plusieurs tests (notamment des vérins de contrôle du pilotage), les étages Z-23 et Z-9 sont à leur tour amenés un à un pour leur intégration et assemblage final à la verticale, soulevés et positionnés grâce au système de levage du portique mobile. Ce dernier dispose des installations pouvant au besoin remplir les réservoirs principaux et auxiliaires du composite supérieur AVUM avant son intégration. Pour la dernière étape, après la préparation et l’encapsulation sous la coiffe à l’EPCU, la charge utile est placée au sommet du lanceur.

Le portique mobile en configuration ouverte, où sont assemblés à la verticale les 4 étages de Vega.
Crédits : ESA / S. Corvaja

Lancement : suivi de la Mission

  • C’est au Centre de lancement n°3 (CDL-3, visite virtuelle), à moins de 2 km du pas de tir, qu’Arianespace et Avio assurent le suivi et le contrôle de la campagne de lancement, de l’assemblage jusqu’au décollage. Le site, qui accueille également les salles de contrôle Ariane 5, est protégé des débris en cas d’explosion et ses installations sont sécurisées. Le CDL-3 est en réseau avec le centre technique lors de la séquence de tir.
  • Le centre technique et son bâtiment Jupiter 2 (visite virtuelle) reçoit et centralise toutes les données lors du décollage sur le fonctionnement de Vega, sa vitesse et sa trajectoire. La salle Jupiter est le centre névralgique du Centre Spatial Guyanais.
  • Selon l’orbite visée par le lancement de Vega, différentes stations dites « en aval » prennent le relais pour transmettre au Centre Spatial Guyanais les informations envoyées au cours du vol. La Station Gaillot de Kourou (visite virtuelle), sur la corne Sud de la Montagne des Pères, est la première sur sa trajectoire. Puis, dans le cas d’un lancement polaire (vers le Nord), les informations de localisation et la télémesure passent par les stations de Saint Jean du Maroni (Guyane, France), Cooper’s Island (Bermudes), Gatineau (Canada), New Norcia (Australie) et si besoin Santa Maria (Açores, Portugal) et Aussaguel (France). Ce réseau des stations est coordonné depuis le Centre Spatial Guyanais.

Vega VV-06 est prête pour le lancement après le retrait du portique mobile. Crédits : ESA–Stephane Corvaja, 2015

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